3 novembre 2008

 
L'ARCHEOLOGIE SUBAQUATIQUE
Domaine de l'archéologie subaquatique  |  Législation  |  Intérêt de l'archéologie subaquatique  |  Les acteurs  |  L'archéologie en rivière |  Prospection |  Fouille  |  L'archéologie en puits  |  Post-fouille
Les méthodes de l'archéologie subaquatique en milieu fluvial.- BONNIN PH. - 2000 - Les méthodes de l'archéologie subaquatique en milieu fluvial.- BONNIN PH. - 2000
Méthode de diagnostic archéologique subaquatique.- BONNIN PH. - 1999 - Méthode de diagnostic archéologique subaquatique.- BONNIN PH. - 1999

"Système Informatisé de Gestion de l'Activité Archéologique" S.I.G.A.R.
 
 
DOMAINE DE L'ARCHEOLOGIE SUBAQUATIQUE

L'archéologie  subaquatique est la recherche et l'étude des vestiges en vue de connaître les activités humaines du passé et se pratique dans les eaux intérieures :

  • artificielles souvent fermées : puits, citernes, conduits souterrains noyés,...
  • naturelles :  lacs, rivières, étangs, tourbières, marécages, karst, et la nappe phréatique.

  •  
     
    LEGISLATION

    En France, la pratique de l'archéologie ou de toute recherche pouvant conduire à des trouvailles archéologiques est soumise à la législation. Il est nécessaire d'obtenir les autorisations de la Direction Régionale des Affaires Culturelles et du propriétaire du terrain.
     
     
     
    INTERET DE L'ARCHEOLOGIE SUBAQUATIQUE 

    Chaussure gallo romaine - La Saône. Fouilles L. BONNAMOUR. Le milieu aquatique est très favorable à l'archéologie :

  • l'eau protège des actions humaines destructives,
  • les éléments organiques et minéraux à l'abri de l'oxygène, de la lumière et des organismes biologiques sont souvent parfaitement conservés.
  • Il y a donc possibilité d'analyses particulières : datation par dendrochronologie, paléobotanique, ...

  •  
     
     
     
     
     
    LES ACTEURS 

     
    DIRECTION REGIONALE DES AFFAIRES CULTURELLE / SERVICE REGIONAL D'ARCHEOLOGIE (SRA) Contrôle les recherches, délivre les autorisations, 
    DEPARTEMENT DES RECHERCHES ARCHEOLOGIQUES SUBAQUATIQUES ET SOUS-MARINES (DRASSM) Organisme de l'état chargé de la coordination des recherches.
    PROFESSIONNELS (UNIVERSITES, CNRS, ...)   En France, les équipes professionnelles permanentes ou temporaires sont peu nombreuses.
    BENEVOLES Assurent une partie non négligeable de la recherche.
    ETAT, COLLECTIVITES LOCALES, AMENAGEURS, AUTRES Soutien financier

     
     
    L'ARCHEOLOGIE EN RIVIERE 

    Pointes de gaffes et objets de mariniers trouvées dans la seine. Cl GRAS. Les recherches en rivières constituent la majorité des recherches. Elles ont un passé plus récent que celles menées en lacs. L'archéologie en milieu fluviatile se développe depuis 20 ans, grâce à la pénétration de l'archéologue en personne dans l'élément aqueux.
    Les débuts ont été essentiellement le fait de bénévoles.
    Malgré des conditions d'intervention parfois difficiles, les résultats obtenus ont confirmé la possibilité d'intervention subaquatique et le formidable potentiel archéologique de rivières comme la Saône, la Seine, la Marne, la Charente, la Dordogne, ...
    Dans les eaux douces et notamment les rivières, on rencontre des vestiges mobiliers ou immobiliers qui témoignent des activités humaines depuis la préhistoire jusqu'à aujourd'hui et concernent de nombreux domaines.


    ACTIVITES HUMAINES TRACES ARCHEOLOGIQUES
    Pêche et chasse. engins : nasses, hameçons, filets et leurs poids, ... 
    installations fixes : pêcheries, gords, ... 
    épaves engins flottants : pirogues, barques, viviers.
    Habitat pieux,  matériel, dépotoirs.
    Franchissement gués, bacs, ponts.
    Cultes nombreux documents notamment sur les gués.
    Transport  épaves et de leurs cargaisons, apparaux de navigation : ancres, gaffes ..., installations portuaires, canalisation.
    Energétique mouture des céréales ou du tan, métallurgie, foulage du drap,  frappe de la monnaie, pompage de l'eau, halage, etc..
    Installations flottantes (moulins bateaux) ou fixes avec roue fixe ou pendue pour suivre les variations du niveau de l'eau.
    Les traces apparaissent sous forme de chaussées et de fondations.

     
     
    PROSPECTION 

    L'objectif de la prospection est de localiser des sites archéologiques.

    Préparation

    La ville de Corbeil-Essonnes XVIe siècle. L'exploitation de sources d'information précède les interventions sur le terrain.

  • bibliographie
  • histoire
  • archives : cartes anciennes, terriers, écrits, iconographie, documents administratifs des services de la navigation, ...
  • mémoire des riverains, des dragueurs, ...

  •  
     



    Prospection directe à vue par plongeurs


    clic ! Méthode :

  • Déplacement en lacet sur le fond de la rivière face au courant afin de ne pas être perturbé par les sédiments remués.
  • Signalisation des vestiges archéologiques par une petite bouée larguée du fond.
  • Positionnement par rapport à des repères terrestres.
  • Prise de vue photographique et vidéo.
  • Conditions :
  • Profondeur de quelques décimètres à quelques mètres.
  • Visibilité très réduite (zéro à quelques mètres selon la saison).
  • Utilisation d'un éclairage artificiel inutile car les particules en suspension réfléchissent la lumière la lumière de manière gênante.
  • Navigation commerciale et de plaisance importante.


  • Prospection indirecte


    Il existe des moyens spécifiques de prospection géophysique mettant en jeu des paramètres divers : topographie, géologie, relief, ... dont l'interprétation aide à la localisation ou la compréhension des sites immergés ou de localiser directement des objets ou des structures.
      Sondage ultrasonore. Cl. GRAS.
  • Cartographie Bathymétrique par ultra-sons,
  • Prospection électromagnétique au détecteur de métaux : l'utilisation en est strictement réglementée,
  • Pénétrateur à sédiments : produit une coupe du sous-sol représentant les variations de la structure du lit sur plusieurs mètres de profondeur.
  • Prospection électrique par courant continu (résistivimétrie) : visualise les variations de la constitutiongéologique du lit sur plusieurs mètres de profondeur.
  • Prospection magnétométrique : detecte des anomalies du champ magnétique terrestre dues à la présence d'objets ou de structures archéologiques : ferrures d'épaves, crampons de scellement de blocs, concentrations de céramiques.
  • Sonar latéral : produit des images acoustiques dont les ombres portées révèlent des anomalies ponctuelles du relief correspondant à des objets dépassant du fond.

  •  
     
    FOUILLE

    La fouille, comme en terrestre, ne consiste pas seulement à dégager les vestiges enfouis pour les récupérer.
    Il s'agit d'un acte grave car, agissant par enlèvement de matériau, elle occasionne la destruction du site.
    On applique donc des principes rigoureux qui permettront de conserver toutes les données contenues dans le sol.

    Travail sur le Chantier

    Clic !
  • délimitation géographique et matérialisation de la zone à fouiller,
  • enlèvement des sédiments gênants sans endommagement des vestiges,
  • fouille des couches archéologiques par strates  horizontales,
  • réalisation de coupes stratigraphiques,
  • observation et positionnement topographique des objets et structures dans les trois dimensions,
  • dépose et récupération des vestiges et de tout ou partie du sédiment encaissant,
  • enregistrement des observations.




  • Suceuse à eau en action. Cl. GRAS. Les vestiges recouverts de sédiment sont dégagés à la main ou avec des engins particuliers.

  • lance à eau type pompier à jet concentré ou diffus.
  • lance à eau type Galéazzi. Aspire les sédiments et les refoule vers l'arrière.
  • Suceuse à eau. Aspiration des sédiments meubles et rejet  sur le fond.
  • Suceuse à air. Aspire et remonte les sédiments à la surface.

  •  
     
     
     
     


    Enregistrement, topographie


    Enregistrement de données. Cl. GRAS.
  • Les mesures sont prises au mètre et au décamètre.
  • Les notes sont prises au crayon sur une ardoise en PVC. Sur certain chantiers elles sont retransmises en surface par téléphone.
  • Dans le cas d'un quadrillage, on mesure deux distances par rapport à deux piquets.
  • Dans le cas d'un référentiel constitué d'un axe linéaire, on relève l'abscisse du point à localiser le long de l'axe et l'ordonnée par rapport à l'axe (distance perpendiculaire).

  • Ces données sont facilement transposables ensuite sur papier, à échelle réduite, à l'aide de la règle et du compas ou par informatique.
    Chaque relevé est mis au propre le plus tôt possible après la plongée et un cahier de fouille est rempli pour recueillir les observations non enregistrables par le dessin ou la photographie.
    Des objets encombrants peuvent être analysés en surface, c'est notamment le cas de certaines épaves.


    Prélèvements


    Enfoncement d'un tube carotteur. Cl. GRAS. Après repérage spatial, les objets sont prélevés et remontés, dans des récipients fermés pour les plus fragiles. Des précautions particulières doivent être prises pour les objets organiques fragiles qui sont souvent à la limite de la flottabilité. On les conditionne  sur des plaques, dans des récipients fermés ou on les  prélève en motte avec leur sédiment encaissant.
    Il faut recueillir régulièrement des carottes et des rondelles de bois pour la dendrochronologie.







     

    Bateau médiéval d'Epervans (La Saône). Cl. L. Bonnamour. Des problèmes particuliers se posent pour les objets fragiles de grandes dimensions comme les bateaux. Après un relevé topographique précis, les objets composites peuvent être démontés et extraits pièce par pièce et les objets monoxyles sectionnés en tronçons manipulables qui seront réassemblés en laboratoire ultérieurement.
    Pour le renflouement sans endommagement, les pièces sont posées sur des bâtis métalliques après dégagement des sédiments ou avec une partie de la gangue. Ceci nécessite un travail de préparation pour insérer les supports sous l'objet et l'assemblage de bâti qui doit être conçu dans ce but.
    Le bateau monoxyle assemblé médiéval d'EPERVANS a été extrait ainsi de la Saône en 1991.
    Il est possible de réaliser des moulages avec des élastomères polymérisables sous l'eau.





     
     
     
    L'ARCHEOLOGIE EN PUITS 

    En cours de réalisation.

     
     
    POST-FOUILLE 

      Travaux annexes à la fouille


      Il est nécessaire de prévoir sur le site une infrastructure - matériel et personnel- pour assurer la conservation des objets fragiles :
     
    pierre et céramique
    peu sensibles au séchage mais à surveiller
    verre
    souvent oxydé, garder humide jusqu'au traitement définitif ou séchage contrôlé
    métal
    selon l'état à sécher ou à conserver dans l'eau, éviter l'oxydation à l'air
    bois, textile, fibres, cuir
    très sensibles au séchage. A conserver dans l'eau additionnée d'un fongicide à l'abri de la lumière. Pour les grands objets on peut envisager une réimmersion dans un lieu facilement accessible après étude

      La bonne conservation des vestiges permet des analyses

    Prélèvement d'une section de pieu pour la dendrochronologie. Cl GRAS.
  • sédimentologie sur des carottes
  • macro-restes organiques
  • pierres, argile, remplissage végétal, bois brûlés, faune, coprolithes, industrie humaine qui seront étudiés par les spécialistes.
  • paléoenvironnement.
  • datations par dendrochronologie et carbone 14.

  •  
      Datations de la Seine et de la Marne
     
     
     




    Documentation


      Le GRAS a développé le "Système Informatisé de Gestion de l'Activité Archéologique" S.I.G.A.R. afin d'enregistrer et gérer en les liant entre elles les nombreuses données relatives aux recherches archéologiques : localisation, observations sur le terrain, matériel archéologique, datations, bibliographie, histoire, réunions, contacts.
    Enfin, après des études sur les documents mis à la disposition des spécialistes et l'exploitation des observations réalisées pendant la fouille, il s'agira de produire des rapports intermédiaires puis un rapport final synthétique et une ou plusieurs publications scientifiques pour diffuser les résultats.