3 aout 2021
Fontaine-le-Port, structures meunières, pertuis
Le site
Au droit du site, la largeur de la Seine est voisine de 140 m. Elle décrit une courbe, convexe côté rive droite. La rive gauche est une plaine alluviale à trois terrasses et la rive droite est dominée par le coteau tertiaire en calcaire de Champigny, interrompu par le vallon du ru de Barbeau. En rive droite se trouve la commune de Fontaine-le-Port et en rive gauche Samois.
L'abbaye de Barbeau
![]()
Le site est localisé exactement au droit de l’ancienne abbaye de Barbeau qui se trouvait sur la rive droite de la Seine au débouché de la petite vallée du ru de Barbeau. En 1147, Louis VII autorise l’installation d’une commu-nauté de moines cisterciens à Saint-Acire - Saint-Assise - face à Saint-Fargeau-Ponthierry. En 1157, les moines déménagent et construisent une abbaye à Barbeau près de Fontaine-le-Port où le roi sera inhumé en 1180. Les bâtiments de l’abbaye seront détruits dans la première moitié du XIXe siècle.
Aménagements fluviaux
Dans le cadre d’opérations de prospections inventaires subaquatiques diachroniques menées annuellement depuis 1990 dans la Seine, le GRAS est intervenu à Fontaine-le-Port en 1998, 2004, 2015, et des structures fixes ont été découvertes.
En rive gauche - La berge est stabilisée avec des matériaux de démolition provenant de l’ancien barrage éclusé de Samois (1960) et une ligne de seize petits piquets orientée dans l’axe du courant et assez éloignée du bord a été vue.
En rive droite - Une cartographie bathymétrique réalisée en 2019 révèle notamment un haut fond d’une profon-deur inférieure à 4 m, encadré par les deux fosses, qui traverse la Seine en biais dont l’emplacement est corrélée avec deux sources cartographiques et archivistiques anciennes . Ce relief est interprété comme ayant accueilli une installation du type chaussée destinée à dévier l’eau de la Seine vers la rive droite.
Ce dispositif, constitué d’un amoncellement de pierres renforcé par une structure en bois, est en général mis en place pour alimenter un moulin , une pêcherie ou élever le niveau de l’eau pour la navigation.
Une levée pierreuse a été observée à proximité de la rive droite, par endroits semi-construites en gros blocs, supportant notamment six forts pieux en chêne dont un daté des XIe-XIIe siècles. On remarque également des bois couchés et une lame d’épée a été recueillie dans les environs.
La construction à laquelle les gros pieux appartenaient était robuste et faite pour durer comme le montre leur taille importante et l'utilisation du bois de chêne. Son orientation est dans l’axe du courant et non en biais, on a donc à faire à ce qui reste d’une ouverture ménagée au travers de la chaussée pour diriger l’eau vers un moulin.
Cette probable structure meunière est intéressante car contrairement au cas de la Marne, elles étaient rares sur la Haute Seine pour ne pas gêner la navigation commerciale qui alimentait Paris.
Pour laisser passer la navigation il fallait un pertuis. Pour le franchir en montant, il fallait un effort de halage supplémentaire depuis la berge ce qui le plaçait donc au plus près du bord et sans doute en rive gauche pour ne pas interférer avec le moulin. Le chemin de halage est d’ailleurs en rive gauche depuis au moins le XVIIIe s.
Fermeture